Le mot mot est un mot paradoxal car il vient de mutus qui veut dire muet ou encore d'un verbe en bas latin, qui signifiait « souffler ». Nous avons commencé par être muets pour essayer de nous exprimer avec un son, une onomatopée mm-mm-mu ou encore il nous est interdit de souffler voulait dire interdit de « passer le mot ».

 

Mutus d'abord n'est rien qu'un son, le bruit d'une voix qui n'a pas de signification. Nous avons commencé par faire du bruit pour ne rien dire, un bruit sorti de la bouche en ayant tant envie de dire quelque chose, et de ce rien - mutus - est né le premier mot.

Pour un art poétique

 

Prenez un mot prenez en deux

 

faîtes les cuire comme des œufs

 

prenez un petit bout de sens

 

puis un grand morceau d'innocence

 

faîtes chauffer à petit feu

 

au petit feu de la technique

 

versez la sauce énigmatique

 

saupoudre de quelques étoiles

 

poivrez et mettez les voiles

 

où voulez-vous donc en venir ?

 

A écrire Vraiment ? A écrire ???

 

Raymond Queneau


De quelques mots collectés en vrac, j'ai demandé à toutes les personnes qui me sont chères famille et amis, quel était leur mot préféré, et c'est en images que je partage avec vous leurs mots de prédilection.


De quelques expressions autour du mot, des mots...

Mettre l'accent sur quelque chose, c'est attirer l'attention.

C'est le B.A - BA, c'est élémentaire.

Être un rat de bibliothèque, c'est être toujours plongé dans les livres.

Écrire en pattes de mouche, c'est quelqu'un qu'on a du mal à relire tant son écriture est petite et mal soignée.

Faire couler beaucoup d'encre, c'est provoquer de nombreux commentaires.

Réduire à sa plus simple expression, c'est simplifier au maximum.

Mettre les points sur les i, c'est préciser les choses.

Prendre au pied de la lettre, c'est ne retenir que le sens premier.

Lire entre les lignes, c'est découvrir le sens caché.

Parler comme un livre, c'est s'exprimer en termes savants.

Avoir le dernier mot, c'est l'emporter dans une discussion.

Tourner la page, c'est oublier le passé.

Mon mot, ton mot préféré...de A à Z

A la manière de Bernard Pivot, dans Bouillon de culture, je m'adresse à ma famille et à mes amis
en leur demandant de me dire : Quel est leur mot préféré ?

Les Mots de ma vie - Albin Michel, 2011
Les Mots de ma vie - Albin Michel, 2011
Après le mot, la chose... D'où me vient l'idée de la chose ou plus précisément du mot chose, c'est à la lecture d'un livre de Bernard Pivot, Les Mots de ma vie, il s'agit d'un dictionnaire écrit à sa manière dans lequel il donne la raison de son choix pour le mot chose dans sa sélection de mots. Je vais l'illustrer en fonction des exemples qu'il prend - autour de la chose - et, Pivot nous explique avec des mots, comment chacun de nous a sa chose. Je vous reproduis donc, pour le plaisir du texte, l'intégralité de la notice, avec une sélection des exemples cités mais je vous les présenterais sous forme de galerie d'images.
 
Un jour, j'eus l'idée d'une émission qui se serait intitulée "Le petit quelque chose en plus". Beaucoup de gens illustres ou célèbres, de jadis, d'hier et d'aujourd'hui, ont ajouté aux exploits, aux activités, admirables ou détestables, qui leur ont valu ou qui leur valent leur renommée un petit quelque chose. Ce détail, cette particularité, ce "gimmick", ou mieux cette mini-mythologie, est devenu tellement connu du public qui les identifie spontanément. Exemples : le tonneau de Diogéne, la moustache de Dalì, la main de Napoléon dans son gilet, le chapeau de Mitterrand, la madeleine de Proust, la chemise blanche échancrée de Bernard-Henri Lévy.
Cette singularité est soit une caractéristique physique, soit un vêtement, soit un accessoire, soit un animal, soit toute chose à laquelle leur image est immédiatement liée, leur réputation indéfectiblement associée.
Cela vaut aussi pour des personnages imaginaires auxquels les créateurs ont donné un "truc"original qui ne s'oublie pas. Exemple : le nez de Cyrano.
Toutes les femmes et tous les hommes passés à la postérité ou installés dans la considération du moment n'ont pas "un petit quelque chose en plus". Mais beaucoup le possèdent. Mettez au cours d'un repas la conversation là-dessus et vous constaterez que les convives, piqués au jeu, feront assaut de références. Dans le désordre, ils citeront probablement :
 

Cette liste est loin d'être exhaustive. Et déjà, vous, lectrice, lecteur, avez pensé à d'autres petits "quelque chose en plus". Cette émission quotidienne n'aurait pas duré plus de deux minutes.Juste assez de temps pour expliquer le pourquoi et le comment de ce détail qui est resté dans la mémoire des hommes... Mais quand j'ai eu l'idée cette série, en 2006, je n'étais plus grand-chose à la télévision. Dix ou vingt ans auparavant, quand on considérait que j'y faisais de grandes choses, ça n'aurait pas été la même chose. Les choses étaient ce qu'elles sont,devant les jeunes technocrates des chaînes du service public, il faut dire les choses, je n'étais plus qu'un "has been". Mon influence, mon prestige dataient un peu, c'était dans l'ordre des choses. "Je ne vois pas bien la chose", disait l'un ; "Ce sont des choses qui arrivent. Mais ça m'a fait quelque chose...

Le mot chose est le miracle de la langue française. Il peut tout remplacer : des objets, des idées, des souvenirs, des projets, des paroles, des sentiments, des utopies. Et même le sexe : il est porté sur la chose. Et même la justice : l'autorité de la chose jugée. Et même le temps : le cours naturel des choses. Et même Dieu : je pense que derrière tout ça il y a autre chose. 
La chose est tellement malléable et transformable qu'elle accepte le genre masculin. Pour remplacer un machin, un truc, un bidule. Un chose bizarre. Un petit quelque chose. À ce propos, où en est le projet du "Petit quelque chose en plus" ? Dans l'état actuel des choses, nulle part. Mais quelque chose me dit...
stylo-plume
Enfin est-ce que j'oserais me risquer de vous demander après votre mot préféré, quelle serait la chose, votre chose, qui vous tient à coeur. Allez, je vous dis ma chose, c'est le stylo-plume, le stylo que je collectionne. Alors à vos plumes (pour jouer sur les mots) et dites-moi une chose, juste une chose, une petite chose qui vous accompagne ou qui vous importune, enfin cette chose, qui pourrait en quelque sorte vous représenter.
Mon stylo-plume
 
Parfois
Devant la page blanche
Mon stylo se fait un sang d'encre
Car il a une peur bleue
D'être pris pour un cancre.
Alors cent fois
Sur le métier
Il remet son ouvrage
Pour toujours être à la page.
Et dès qu'une idée le chatouille
Il gribiouille
Une lettre un mot une phrase
Qu'il soit à Paris ou ailleurs sur un nuage
Mon stylo et ...moi
ne faisons qu'un
Comme cinq doigts de la main.
 
Monique
Si je donne ma langue au chat, est-ce qu'il me la rendra ? anthologie de poèmes choisis par C. Galice et E. Leroyer ; illustrations d'Oréli
Si je donne ma langue au chat, est-ce qu'il me la rendra ? anthologie de poèmes choisis par C. Galice et E. Leroyer ; illustrations d'Oréli
Le Pagivore
 
Il eut soudain grand faim de livres,
Et avala cent trente-trois
Dont un traité de savoir-vivre,
Mi à l'envers, mi à l'endroit.
Il épargna la poésie,
Dévora l'encyclopédie
Et juste à l'heure du dessert
Mi à l'endroit, mi à l'envers
Croqua la bibliothécaire.
 
Pierre Coran
Le Mot
 
Le mot n'a pas franchi mes lèvres
Le mot n'a pas touché mon cœur
Est-ce un lait dont la mort nous sèvre
Est-ce une drogue une liqueur
 
Jamais je ne l'ai dit qu'en songe
Ce lourd secret pèse entre nous
Et tu me vouais au mensonge
À tes genoux
 
Nous te portions comme une honte
Quand mes yeux n'étaient pas ouverts
Et les tiens à la fin du conte
Demandaient d'être verts
 
Te nommer ma sœur me désarme
J'ai trop respecté ton chagrin
Le silence a le poids des larmes
Et leur refrain
 
Puisque tu dors et que leurs rires
Ne peuvent blesser ton sommeil
Permets-moi devant tous de dire
Que le soleil est le soleil
 
Que si j'ai feint c'est pour toi seule
Jusqu'à la fin fait l'innocent
Pour toi seule jusqu'au linceul
Caché mon sang
 
J'irai jusqu'au bout de mes torts
J'avais naissant le tort de vivre
La vie est une histoire à suivre
Et la mort en est le remords
 
Ceux peut-être qui me comprennent
Ne feront pas les triomphants
Car une mort est une reine
À son enfant
 
Louis Aragon

Après le mot, la chose, après la chose, le chiffre et le nombre

Tirer le bon numéro

 

réduire à ZÉRO c'est anéantir et réduire à rien.

être le numéro UN c'est être le meilleur.

les DEUX font la paire c'est être inséparables.

être haut comme TROIS pommes c'est être tout petit.

être tiré à QUATRE épingles c'est être très bien habillé.

chercher le mouton à CINQ pattes c'est rechercher l'impossible.

avoir un SIXIÈME sens c'est avoir de l'intuition.

tourner SEPT fois sa langue dans sa bouche

être la HUITIÈME merveille du monde

faire la preuve par NEUF

ne savoir rien faire de ses DIX doigts

boire un bouillon d'ONZE heures

être TREIZE à la DOUZAINE

chercher midi à QUATORZE heures

voir toujours VINGT ans

se mettre son TRENTE ET UN

voir TRENTE-SIX chandelles

s'en moquer comme de l'an QUARANTE

faire CINQUANTE-CINQUANTE

s'ennuyer à CENT sous de l'heure

attendre pendant CENT SEPT ans

faire les QUATRE CENTS coups

mettre dans le MILLE

être riche à MILLIONS

Le français, une langue animale - Jean d'Ormesson


« Myope comme une taupe», «rusé comme un renard» «serrés comme des sardines»... les termes empruntés au monde animal ne se retrouvent pas seulement dans les fables de La Fontaine, ils sont partout.

La preuve: que vous soyez fier comme un coq, fort comme un bœuf, têtu comme un âne, malin comme un singe ou simplement un chaud lapin, vous êtes tous, un jour ou l'autre, devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche.

Vous arrivez à votre premier rendez-vous fier comme un paon et frais comme un gardon et là, ... pas un chat! Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin. Il y a anguille sous roche et pourtant le bouc émissaire qui vous a obtenu ce rancard, la tête de linotte avec qui vous êtes copain comme cochon, vous l'a certifié: cette poule a du chien, une vraie panthère! C'est sûr, vous serez un crapaud mort d'amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un chien

Vous êtes prêt à gueuler comme un putois quand finalement la fine mouche arrive. Bon, vous vous dites que dix minutes de retard, il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf que la fameuse souris, malgré son cou de cygne et sa crinière de lion est en fait aussi plate qu'une limande, myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque et rit comme une baleine. Une vraie peau de vache, quoi! Et vous, vous êtes fait comme un rat. Vous roulez des yeux de merlan frit, vous êtes rouge comme une écrevisse, mais vous restez muet comme une carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous sautez du coq à l'âne et finissez par noyer le poisson.

Vous avez le cafard, l'envie vous prend de pleurer comme un veau (ou de verser des larmes de crocodile, c'est selon). Vous finissez par prendre le taureau par les cornes et vous inventer une fièvre de cheval qui vous permet de filer comme un lièvre. C'est pas que vous êtes une poule mouillée, vous ne voulez pas être le dindon de la farce. Vous avez beau être doux comme un agneau sous vos airs d'ours mal léché, faut pas vous prendre pour un pigeon car vous pourriez devenir le loup dans la bergerie. Et puis, ç'aurait servi à quoi de se regarder comme des chiens de faïence.

Après tout, revenons à nos moutons: vous avez maintenant une faim de loup, l'envie de dormir comme un loir et surtout vous avez d'autres chats à fouetter.»

Art poétique simple et complet 
- Le secret d'un poème ?
Des mots qui font rêver
Qu'on retient et qu'on aime
- Mais comment les trouver ?
- Se souvenir, rêver,
Aimer surtout soi-même.
Jean Malaplate 

Le corps humain : qui sommes-nous ?

1. La tête et le visage

Agir sur un coup de tête = prendre une décision brutale, imprudente et définitive, sans vraiment réfléchir aux conséquences de ce qu'on fait.

Être de bon / de mauvais poil = être de bonne / de mauvaise humeur.

 

Avoir la tête sur les épaules = être très équilibré, réfléchi et raisonnable.

C'est avoir la tête chaude et être porté à la colère = indiquer un caractère vif et irascible que la moindre contradiction excite au suprême degré et ferait croire à la folie. Par plaisanterie, on appelait une pièce d'or bonnet jaune (bon et jaune), puis on a dit : avoir la tête près du bonnet pour signifier être mauvaise, être colérique.

A la tête du client = comportement qui varie selon l'apparence des personnes.

Agir à tête reposée = agir après le temps de la réflexion
Agir sur un coup de tête = agir de façon irréfléchie, sur une impulsion
Avoir la grosse tête = avoir des prétentions
Avoir la tête ailleurs = penser à autre chose, être distrait
Avoir la tête dans les nuages =
Avoir la tête dure = être borné ou buté

Avoir la tête fêlée = être un peu fou
Avoir la tête sur les épaules = 
être sensé, raisonnable
Avoir la tête vide = 
ne plus pouvoir réfléchir
Avoir ses têtes = 
ne montrer de sympathie qu'à certaines personnes
Avoir toute sa tête = 
être lucide
Avoir une bonne tête = 
inspirer confiance
Avoir une idée derrière la tête = 
avoir une intention cachée
Avoir une tête à claques = 
inspirer un sentiment d'agacement

Avoir une tête de bois = être borné ou buté  
Casser la tête à quelqu'un = 
le fatiguer par ses paroles, son agitation
Chercher des poux dans la tête = 
chercher querelle
Crier à tue-tête = 
crier d'une voix si forte qu'elle étourdit
En avoir par-dessus la tête = être excédé
En mettre sa tête à couper = 
être absolument certain de quelque chose

En mettre sa tête sur le billot =
Être bien dans sa tête =
être à l'aise, avoir l'esprit libre
Être en tête à tête =
être seul à seul, face à face
Être tête en l'air = 
être distrait, étourdi
Être un homme de tête =
un homme qui a du bon sens
Être une forte tête =
une personne qui s'oppose aux autres et fait ce qu'elle veut

Être une tête = avoir de grandes capacités intellectuelles ou de grandes connaissances
Être une tête brûlée =
être une personne dangereusement aventureuse   
Faire une drôle de tête = avoir un air anormal, bizarre
Faire une tête au carré =
frapper quelqu'un, le rouer de coups
Faire une tête d'enterrement =
avoir un visage triste
Faire une tête de circonstance =
être grave et triste
Faire une tête de six pieds de long =
montrer un visage triste, maussade
Foncer tête baissée =
agir sans prendre le temps de réfléchir  
Garder la tête froide =
ne pas s'affoler, rester calme  
Jurer sur la tête de quelqu'un =
promettre solennellement  
Mettre du plomb dans la tête =
faire réfléchir, rendre raisonnable
Mettre quelque chose dans la tête de quelqu'un =
le persuader avec difficulté  
N'avoir plus sa tête à soi = ne plus avoir tout son bon sens
N'avoir rien dans la tête - n'avoir ni idées, ni jugement
N'en faire qu'à sa tête - agir selon sa seule fantaisie
Ne pas avoir de tête - être écervelé
Ne savoir où donner de la tête - avoir trop d'occupations, se démener
  
Partir la tête basse - avoir honte
Partir ta tête haute - avec dignité, sans honte
Perdre la tête - devenir fou
Piquer une tête - plonger la tête la première
Plier, courber !a tête - se soumettre
Prendre la tête (se) - (se) tracasser
  
Risquer sa tête - se trouver dans une situation périlleuse
  
Sans queue ni tête - sans aucun sens
Se casser la tête - se fatiguer à, se tracasser
Se creuser la tête - faire un grand effort de réflexion, de mémoire
Se jeter à la tête de quelqu'un - faire des avances
Se mettre marte! en tête - se faire du souci
Se mettre quelque chose dans la tête - comprendre et retenir quelque chose, se persuader
Se monter la tête - s'exciter
Se payer la tête de quelqu'un - se moquer de quelqu'un
Se taper ta tête contre les murs - se désespérer


A vue de nez = à première vue, en estimant les choses d'une manière approximative.

Avoir du nez, le nez fin, le nez creux = avoir de l'intuition, du flair, deviner les choses avant qu'on vous les dise.

C'est tiré par les cheveux = ce n'est pas très logique.

Couper les cheveux en quatre = compliquer les choses à plaisir.

Avoir un cheveu sur la langue = parler en prononçant z à la place du j, et s à la place de ch, c'est donc zozoter.

 

Au nez et à la barbe de quelqu'un = juste devant lui , sans même se cacher.

 

 

Célébration de la lecture et de l'écriture en peinture et musique

Peindre, lire, écrire : des actes intimes. Peindre dans un atelier, sous les toits ; lire au fond de son lit, au milieu de la foule d'une gare, d'un café ; écrire sur un bout de table au milieu de la  nuit, au fond d'un train, au bord de la mer sur une plage de galets ou de sable fin.

Entre le tableau, le livre et l'écriture, la porte est étroite, à chacun de remplir la surface de sa page et l'œuvre d'art rassemble l'écriture et la lecture dans un festin chatoyant de couleurs et de formes et cette célébration du mot écrit et lu sera accompagnée des Tableaux d'une exposition de Moussorgski.